Jewish Maghrib Jukebox

Wednesday, January 27, 2010

On Raphael Elmaleh - TelQuel Article

It's been way too long since I have posted and have lots of posts planned for 2010 but in the meantime please enjoy this article. If you are interested in having Raphy as your tour guide in Morocco, please let me know. Scroll to the bottom for the link to the article and an English translation.


T
ourisme culturel. Suivez le guide!


Raphi au musée du judaïsme marocain de Casablanca.
(R.R. / TELQUEL)


Organisateur de circuits touristiques et défenseur du patrimoine judéo-marocain, Raphaël Elmaleh accueille la communauté juive internationale qui vient au Maroc découvrir un pan de son histoire.


Hors des quartiers juifs de Casablanca, Raphaël Elmaleh, alias Raphi, passe inaperçu. Peu connu de ses compatriotes, ce quinquagénaire aux cheveux grisonnants, tirés en queue de cheval, est pourtant le seul guide touristique juif dans le monde arabe. Raphi, né à Casablanca au
début des années 1960, aime à se définir comme un Marocain juif et non un juif marocain. Des grandes cités impériales aux petits villages berbères, il fait visiter à ses clients les synagogues, cimetières et quartiers communautaires. Ces touristes particuliers l’écoutent expliquer (en anglais, français ou en hébreu) comment les juifs sont arrivés au Maroc, pourquoi la plupart en sont partis et comment ceux qui sont restés vivent en harmonie avec la majorité musulmane.

Retour aux sources
Raphi adapte ses circuits au souhait de ses visiteurs. Au menu : Casablanca et son musée du judaïsme marocain, Rabat, Meknès, Fès ou Marrakech et leurs mellahs plusieurs fois centenaires. Il propose également des pèlerinages sur les tombes de rabbins enterrés dans des petits villages judéo-berbères dans le sud du pays. Certains clients d’origine marocaine demandent à être emmenés sur les traces de leurs ancêtres. Ce qui rend les circuits de Raphi spéciaux, c’est qu’ils mêlent passé et présent, démontrant que les juifs constituent toujours une communauté active au Maroc. Au programme des visites, il n’y a pas que les synagogues et les cimetières, mais également les écoles, les clubs juifs et même les commerces dits casher. “Ce que je cherche à montrer, c’est que l’histoire juive n’est pas terminée au Maroc, explique-t-il. D’ailleurs la relève est là”. Raphi emmène ses clients visiter une classe d’hébreu à l’école Neve Shalom à Casablanca. Les touristes discutent avec le professeur, observent les étudiants et évaluent même les connaissances en grammaire d’une élève tremblotante. “C’est touchant de voir comment une petite communauté juive maintient ses traditions”, commente une touriste française, visiblement émue par la visite. Le groupe entier en reparlera d’ailleurs tout au long de la journée.
Quand il se met à raconter l’histoire judéo-marocaine, Raphaël Elmaleh a les yeux qui brillent. Un thème lui tient particulièrement à cœur : la cohabitation des deux communautés marocaines. “C’est la peur qui nous a chassés, et c’est la peur qui a créé la méfiance, bien que les juifs n’aient jamais été expulsés du Maroc”. Si un des touristes français retient de son voyage que “les juifs sont libres de vivre leur religion sans se cacher”, d’autres restent sceptiques. “Sans dire que cette bonne entente est artificielle, je doute qu’elle résiste demain, si la situation empire au Proche-Orient”, observe une autre touriste. Cette cohabitation, Raphi l’applique pourtant dans son entreprise même en prenant sous son aile Youssef Benjlil, un jeune du quartier Aïn Chock de Casablanca, en qui le guide voit son successeur. Leurs clients ne cachent pas leur étonnement que ce soit un musulman qui les renseigne sur l’histoire des juifs. “Je n’avais jamais rencontré un juif avant Raphi, admet de son côté Youssef, mais j’ai trouvé son travail fascinant”. Sa famille et ses amis soutiennent sa décision de poursuivre dans cette voie. “Je rêve de travailler aussi avec les étudiants marocains. Il est important qu’ils prennent connaissance de ce pan de l’histoire nationale”.

Travail de mémoire
Raphaël Elmaleh a justement été aux premiers rangs de l’histoire de cette communauté. Comme des millions de Marocains de confession juive, il a pris le chemin de l’exil en 1969, soit deux ans après la guerre des Six jours qui leur a laissé un véritable sentiment de malaise. Alors âgé de neuf ans, il est envoyé seul en Angleterre dans un internat religieux. Il rentrera au Maroc près de vingt ans plus tard, appelé au chevet de sa mère souffrante. Le jeune homme devient “travailleur social” au sein du Joint Distribution Committee, un organisme américain de soutien aux juifs en situation de précarité, facilitant notamment leur réinstallation en Israël.

C’est à partir de là qu’il commence à s’intéresser à ses origines, voyageant, pendant huit ans, aux quatre coins du pays pour recueillir les témoignages des derniers juifs du royaume. “Je me suis tout de suite rendu compte du profond respect qui existait entre les communautés juive et berbère”, affirme-t-il. Il s’installe dans le sud et supervise les chantiers de restauration d’au moins dix synagogues. Aujourd’hui encore, il œuvre à la rénovation de deux lieux de culte à Errachidia et à Ighil-n-Ogho (région du Siroua). “C’est à la communauté juive de conserver ses trésors culturels qui se détériorent”, explique Raphi. Il a trouvé, au cours de ses voyages, plusieurs antiquités judéo-marocaines ainsi que des livres anciens. “Je n’ai jamais pensé à les envoyer à l’étranger, puisqu'ils font partie du patrimoine marocain”. En 1997, lorsque le musée du judaïsme a ouvert ses portes à Casablanca, Raphi y dépose toute sa collection. “On travaille ensemble, raconte Zhor Rehihil, conservatrice du musée. Comme il se déplace souvent, c’est lui qui nous informe des nouvelles découvertes. Raphi fait beaucoup pour la communauté et la culture juives au Maroc”. Pourtant, certains universitaires lui reprochent de ne pas être un vrai historien. Mais l’intéressé n’a jamais prétendu le contraire. Sa reconnaissance, il la tire de la satisfaction de ses clients, à qui il offre son savoir et prêche la tolérance. La tête haute, l’enfant de Casablanca conclut à la fin de chaque circuit : “Je suis fier d’être juif dans un pays musulman”.

http://www.telquel-online.com/407/mag3_407.shtml

English translation of Tel Quel article